D’horizons divers – rhétorique, sémiologique, sociologique –, proviennent depuis quelques années des interrogations nouvelles du texte scientifique, désormais dépouillé du privilège, à lui longtemps accordé dans les survivances de l’esprit positiviste, de l’objectivité ou de la neutralité pures. Ainsi, au creux de la notion de texte, se brouillent parfois les frontières entre science et littérature, puisque simultanément les études littéraires cherchaient, dans la voie du structuralisme, à s’émanciper de l’impressionnisme critique pour se doter enfin d’instruments scientifiques d’analyse dont elles avaient depuis longtemps la nostalgie.Il s’agit donc dans ce numéro, moins d’étendre l’analyse à des textes « littéraires » dont les thèmes, les points de vue ou les visions seraient aussi de nature scientifique, que de prendre pour cible le texte scientifique lui-même, à diverses époques, pour en dégager les présupposés, y déceler les marques d’énonciation ou en inventorier les pratiques discursives. La notion moderne de discours pourrait en effet apparaître comme le lieu médiateur entre des activités de l’esprit qui semblaient, depuis Bacon, s’éloigner sans cesse dans un divorce devenu signe de leur histoire.