Pour Hugo, ce long voyage initiatique au Sertão est tout autant une quête de soi qu’une exploration scientifique de ce qu’est l’agroécologie. En effet, il cumule trois identités avec lesquelles il tente de composer sur les trois terrains successifs qu’il arpente. Prêtre, Hugo voit sa vocation bouleversée en même temps qu’il accompagne la déroute des agronomes militants d’un centre d’appui technique pris dans la tourmente de l’élection de Jair Bolsonaro. Pour eux comme pour lui, c’est une période de déconstruction d’un idéal utopique, qu’il soit politique ou religieux. Mais Hugo est aussi agronome de formation, et de longs mois dans la Caatinga, dans une famille de petits producteurs, l’aident à reprendre pied sur la terre ferme. Finalement, la véritable vocation d’Hugo, celle d’ethnographe, se révèle pleinement dans le troisième lieu de cette épopée, au milieu d’une communauté très fervente de producteurs de manioc, pour laquelle il rédige un rapport anthropologique afin de défendre leurs droits face aux immenses plantations d’eucalyptus. L’agroécologie est pour ces familles une évidence, une certaine manière de vivre, ensemble et solidaires. C’est le premier livre de Sébastien Carcelle, docteur en anthropologie sociale, associé à Laurent Houssin, tiré de son enquête ethnographique sur les traces de l’agroécologie dans une région peu connue du Brésil.