À l’exception notable d’Aristote et de Nietzsche, la vengeance a peu inspiré les philosophes qui l’ont souvent condamnée comme une passion irrationnelle. En revanche, elle a fasciné dramaturges, romanciers et cinéastes tant elle permet de raconter des histoires marquées par une ambivalence tragique où l’homme est à la fois victime et coupable.C’est pourquoi, pour tenter de décrire et de comprendre le désir vindicatif, cet essai s’inspire des grands récits, des romans et des films tout autant que de l’esprit du talion et de l’histoire de l’institution de la justice.En examinant les configurations de l’offense et du pardon, il apparaît que se venger et pardonner peuvent relever de la même volonté de puissance. Cela amène à remettre en cause le pardon chrétien et à réhabiliter le désir de vengeance comme relevant de l’estime de soi, désir de maîtrise pour l’homme offensé soudain confronté à sa condition d’être mortel.