Au lendemain d’un violent orage, la petite ville de Summersdown, sur le canal de Bristol, semble avoir dévié de son axe. À commencer par la banale chaise de jardin qui, frappée par la foudre et disloquée au point de ressembler à un monstre échevelé, se retrouve par hasard dans l’appentis de Conrad Swann, artiste bohème à la famille recomposée et aux mœurs dissolues. De Conrad, nulle trace depuis la catastrophe. Cet étrange totem serait-il son dernier chef-d’œuvre, l’Apollon qu’il destinait à un prestigieux prix ? Le cercle intellectuel qui gravitait autour de l’artiste désargenté n’hésite pas à s’emparer de cette création, allant jusqu’à tenter de convaincre la municipalité d’en faire l’acquisition grâce aux deniers publics. Dickie, notaire intègre et mélancolique siégeant à la commission, est la proie toute trouvée de la redoutable Martha, représentante autoproclamée de l’œuvre de Conrad Swann. Mais tout ce petit monde qui s’entre-déchire semble avoir oublié jusqu’à l’existence de la ribambelle d’enfants vivant sous le toit des Swann, livrés à eux-mêmes, le ventre creux.Cette sombre comédie, grinçante à souhait, a tout le mordant et la sagacité dont Margaret Kennedy a déjà fait preuve.