En un temps où trop souvent l’exploitation de faits divers dramatiques tient lieu de moteur pour la politique pénale au nom d’un principe de précaution perverti et de l’utopie du risque zéro, la dangerosité est saisie par le droit pénal. Le lecteur mesurera le poids des peurs individuelles et collectives médiatisées et mondialisées dès que l’on cherche à cerner la notion de dangerosité. Le lecteur comprendra la stigmatisation jusqu’à l’irrationnel de figures dangereuses. Le lecteur s’interrogera sur les faiblesses de l’évaluation de la dangerosité. Le lecteur devinera dans le durcissement de la réaction sociale au crime et son caractère aléatoire la dangerosité de la dangerosité comme assise du droit pénal. Ce sont les fondements du droit pénal classique qui sont ébranlés, voire bafoués. Ne sommes-nous pas en train de bâtir sur du sable une société de la peur où l’égale dignité de chaque être humain est en danger sans que pour autant des gages nouveaux de sécurité accrue et de protection publique soient donnés ?