Il est des écrivains qui font corps avec un lieu. Difficile de penser Sciascia sans la Sicile, Saba sans Trieste et Pasolini sans Rome. L'espace a nourri l'imaginaire et, en retour, l'écrivain y invente une géographie de la langue, il la transforme en une substance où la rue devient verbe ; le soleil ou la crasse qu'on y respire une phrase. Marco Lodoli appartient à cette veine d'écrivains et depuis Pasolini jamais Rome n'avait servi de matière littéraire avec autant d'intensité. Ces trois brefs romans, La Nuit, Le Vent et Les Fleurs sont une fugue nocturne allegro furioso ; car il fait presque toujours nuit dans les livres de Lodoli. Qu'elle soit la nuit du monde ou la nuit intérieure, la couleur des récits est le noir. La ville, qui offre ses ruelles et ses places à ces trois échappées, n'est pas la cité monumentale ou de carte postale, c'est un espace grouillant qui par un détail vous propulse dans un sombre enchantement.