Dans ce bref essai polémique, nourri par une solide expérience d'intervenant en prison, Nicolas Frize en fait la démonstration implacable : plus le motif du « sens de la peine » envahit le discours des hommes politiques et des représentants de l’institution judiciaire et pénitentiaire, moins ce sens apparaît dans la réalité de l’exécution des sanctions pénales. En un temps où prévalent les approches sécuritaires des crimes et délits et de toutes les formes de « déviance », et où l’emportent les pratiques répressives, le sens de la peine, tel que le condamné est supposé se l'approprier, est tout entier capté par le désir de vengeance des victimes et l'intention d'intimidation de l'autorité. L'injonction : « Donne un sens à ta peine ! » est aussitôt recouverte par cette autre : « Entre dans notre monde coercitif, soumets-toi aveuglément aux règles disciplinaires du jeu judiciaire et de l'institution pénitentiaire. »