Accompagner. Des hommes et des femmes en fin de vie. Tel est le récit de cette femme qui est aux côtés des malades et de leurs proches chaque semaine au sein d’une unité palliative. Elle raconte des existences qui s’en vont, l’adieu au vivant mais il n’y a rien de morbide ou de mortifère dans ce témoignage extraordinairement lumineux. Souvent c’est un échange de regards, une main tendue, un sourire qui relient à la vie. Il y a des personnes âgées mais aussi des jeunes gens foudroyés par la maladie. La qualité de ce récit est qu’il est paradoxalement plein de vie et d’éclat. En quelques minutes, dans un étonnant précipité, les patients racontent leur vie, allant à l’essentiel comme s’il n’y avait plus une minute à perdre. Il faut écouter, recueillir les mots, les pleurs et accepter le silence. C’est parfois cocasse, toujours bouleversant, terriblement émouvant. La mort est violente, scandaleuse, bouscule à chaque instant. Elle est libératrice, déchirante, sereine ou intolérable mais il faut parler de cette mort tant redoutée. Chaque chapitre très court, enlevé, est un morceau d’une vie extraordinaire. C’est le quotidien le plus nu, le plus désarmé mais ça dépasse en intensité et en force toute fiction ou toute histoire romanesque. Véronique Comolet ne s’embarrasse pas de littérature, de lyrisme ou de pathos mais elle raconte en tout humilité la souffrance de notre humanité défaite. Par sa modestie, sa vivacité de ton, ce livre fait preuve d’une intense spiritualité.