Tsunami, pandémie, attentat, guerre, menace nucléaire… Les catastrophes égrenées à longueur de journaux semblent s’emballer. L’œil se rive, sidéré, sur les mêmes images répétées à l’envi ; les chaînes d’info en continu, comme les fils Twitter qui ressassent les dépêches AFP, en disent à la fois trop et pas assez. Comment appréhender et dire les catastrophes ? Que font-elles au langage ? C’est cette brèche entre les mots et les choses, propre à la violence subie de l’épreuve, intime autant que collective, que François Laplantine tâche ici de circonscrire. Si, selon la conclusion du Tractatus, "ce dont on ne peut parler, il faut le taire", Wittgenstein lui-même a fini par proposer de montrer, précisément, ce dont on ne peut parler. Dans cet essai, François Laplantine le prend au sérieux et explore, du butô à Beckett, des films sur la Shoah à Maguy Marin et Antonin Artaud, comment la création montre ce qui résiste à être dit. Les formes artistiques explorées font apparaître alors des voies permettant d’éviter les écueils du silence mais aussi du catastrophisme tapageur. Ce que peut le langage, mais aussi ce qui l’excède.