Longtemps cantonnée à un champ restreint de disciplines tendues vers la compréhension des discours, l’herméneutique a connu un mouvement d’extension sans précédent, sous l’impulsion de Dilthey, Heidegger et Gadamer. L’herméneutique quitte alors le refuge de l’érudition pour devenir un nouveau champ d’exploration philosophique centré désormais sur la vie de l’esprit, les modes d’existence et les traditions. Tout en poursuivant cet élargissement, l’ouvrage de Johann Michel propose en même temps un renouvellement en profondeur de l’herméneutique à la faveur d’un dialogue serré avec la sémiotique, le pragmatisme et les sciences sociales. Dans cette perspective, trois idées directrices parcourent l’ensemble de ces études. La première, de nature anthropologique, consiste à faire de l’interprétation une activité fondamentale de l’humain dans ses activités ordinaires, avant d’en faire un ensemble de techniques au service de la connaissance scientifique. La seconde, de nature pragmatiste, consiste à réserver l’interprétation à une compréhension réflexive confrontée à des significations problématiques (confusion, obscurité, équivocité..). La troisième, de nature épistémologique, consiste à étendre le domaine d’investigation de l’herméneutique au-delà du texte (la nature, autrui, l’espace, une œuvre d’art, le monde social…).