Recherche en laboratoire, chasse, élevage industriel, maltraitance dans les parcs zoologiques… Comme une traînée de poudre, le récent courant antispéciste a dénoncé la cruauté, jusqu’alors banalisée, de nombre de nos pratiques à l’égard des animaux. Toutefois, bien que ces alertes soient de plus en plus audibles et considérées comme légitimes (création de partis animalistes, promulgation de lois contre la maltraitance animale), aucun ouvrage de référence n’était jusqu’à présent consacré à ce qu’elles combattent : le spécisme – terme désignant toute attitude de discrimination liée à l’espèce. C’est que le spécisme est diffus, subconscient et omniprésent. Et l’existence de la chose, bien que régnant en maître depuis des siècles dans notre société, n’est devenue évidente, et du même coup « problématique », que tout récemment, avec l’apparition du mot. Catherine Kerbrat-Orecchioni relève ici le gant et propose de cerner les contours des différentes facettes (ontologique, éthique, affective et pratique) du spécisme, qui toutes se résument à une formule : « Ce ne sont que des animaux. »