« Tous ensemble ! Tous ensemble ! » Dans le monde biologique, les molécules comme les cellules ou les êtres vivants, se font allègrement la courte échelle. Appuyés les uns sur les autres, ils innovent, interagissent et transforment la planète. Gènes en morceaux ou emboîtés, communautés échangistes primitives, cellules chimériques, échafaudages microbiens, partenariats fatals entre organismes, bactéries et virus, jouant le rôle de peintres, de sculpteurs et de parfumeurs d’espèces… L’évolution de la vie sur Terre est un « job » réalisé à plusieurs. Cette évolution collective permet, d’une reproduction à l’autre, d’échapper provisoirement à la mort, tout en distillant sur Terre son lot d’éclopés et de particules complémentaires. Depuis ses origines, l’évolution est une affaire de réseaux, imbriqués les uns dans les autres. Cent cinquante ans après L’Origine des espèces de Charles Darwin, si l’on souhaite comprendre les processus qui tirent les ficelles de l’évolution pour décrire l'histoire du monde vivant en rendant mieux compte de sa complexité, il devient indispensable de retracer le développement de ce grand réseau dynamique. Un aggiornamento, à la portée de chacun, qui implique également de recomposer les disciplines de la biologie en place, d'étendre les frontières traditionnelles de la théorie de l'évolution, ainsi que celles de la définition de l'homme. Car Homo sapiens, lui aussi, est une entité entrelacée, qui appartient à un réseau qui le dépasse et l’influence.