Comment se fait-il que certains aveugles perçoivent les émotions sur les visages alors que cette jeune patiente, tout à fait "bien voyante" et sans problème psychique particulier, échoue à le faire ? Pourquoi oublie-t-elle, littéralement, de regarder ses interlocuteurs dans les yeux ? Est-ce pour la même raison que dans l’autisme ? Que s’est-il passé chez ce jeune homme gravement accidenté, pour qu’une fois rétabli, il ne reconnaisse plus ses parents, ne ressente plus le moindre sentiment pour eux ? Moins dramatique et plus sympathique, quand nous plongeons notre regard dans celui d’une personne aimée, pourquoi nos pupilles se mettent-elles à la taille des siennes ? Dès les premiers instants de sa vie, le bébé recherche le regard des personnes qui l’entourent. Et toute notre vie, nous réagissons immédiatement, inconsciemment, au regard d'autrui. Ce dialogue des regards est constitutif de l’être humain, animal social par excellence. Bien plus, il est au fondement de l’identité de chacun d’entre nous… Nous commençons à identifier les liens étroits qu’entretiennent le regard, le cerveau et les émotions. Le développement fabuleux des neurosciences et de la psychologie expérimentale ces trente dernières années, la mise au point d'outils d'investigation cérébrale de plus en plus sophistiqués et précis permettent peu à peu d’accéder, par le biais de la rétine, aux bases cérébrales de l'âme émotionnelle humaine.