« Ce branleur qui aurait pu chanter mieux et avait l’air de s’en foutre s’appelait Stephen Malkmus. Bientôt, Nina connaîtrait mieux ce nom que celui de certains membres de sa famille. Bientôt, Stiveun Molkmuce s’épanouirait sur les posters de sa chambre et produirait la bande-son de sa vie. » En décembre 1992, Arthur aborde Nina gare de Rennes au lendemain des Trans Musicales. Petite dernière d’une famille bourgeoise de la Rochelle, initiée à la musique par son père, elle rêve d’entrer aux Inrocks. Comme Martin Eden qu’il trimbale dans son sac à dos, Arthur cultive ses goûts en autodidacte avant de postuler sans conviction à l’Arsenal de Brest. Ils n’ont rien en commun, excepté leur passion du rock et de Pavement, figure de proue de la scène indépendante des années 1990. Les riffs et la poésie tourmentée de ce groupe culte dessinent le motif d’une histoire singulière qui nous entraîne, des baladeurs K7 et des derniers appelés du service militaire à l’avènement d’Internet. Du Paris des radios libres aux reliefs rugueux d’Ouessant, l’île des naufragés. « C’est aussi un livre sur la manière dont les gens qui aiment trop la musique pour la vivre comme un simple à-côté réussissent, ou non, à lui donner la part belle de leur vie, rêvent que ce soit les concerts qui redessinent les cartes du monde et ordonnent le calendrier. » (Alice Zeniter.)