Le concept d’Anthropocène s’est aujourd’hui imposé pour désigner une époque au cours de laquelle l’humanité est devenue une puissance globale en mesure d’affecter l’écosystème terrestre. Ce concept requiert une anthropologie philosophique, qui définit l’essence de l’homme par la négativité, pour concevoir son histoire comme un événement métaphysique en lequel un être s’oppose à la nature pour y mettre en œuvre un processus de dénaturation qui s’avère annihilation. Cet événement est ici abordé à partir de la Première Guerre mondiale, conçue comme déchaînement absolu de la monstrueuse puissance du négatif, puis du totalitarisme compris comme système politique en lequel s’est institutionnalisé ce régime de mobilisation totale pour la destruction totale. La généalogie du totalitarisme montre alors que la métaphysique platonicienne en a élaboré le modèle théorique, puis que l’Église catholique médiévale a instauré l’appareil étatique nécessaire pour le réaliser. Le destin du christianisme, dans une troublante analogie avec celui du marxisme, est reconnu comme archétype d’une dialectique tragique, qui est alors analysée en termes métapsychologiques pour la fonder sur la structure psychique de la mélancolie.