Le corps politique de Ribéry et de Benzema, de la femme voilée aussi, la grâce orientale d’Eugène Delacroix, de Gaulle préservant son village de l’invasion islamique, le FLN ramassant l’impôt révolutionnaire dans les bidonvilles de Nanterre, la disparition du Beur du lexique français, les cités, la laïcité, l’indigénat, la réforme de l’islam de France, les querelles sur l’identité nationale – liste bien longue – disent les nuances d’un même tableau qui a pour nom l’art français de gouverner le citoyen depuis le dernier quart du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Ainsi s’écrit l’histoire de l’octroi de la citoyenneté, une denrée rare qui se mérite, aux sujets de l’Empire français, l’histoire d’une puissance mondiale qui a préféré administrer son immense territoire et le génie des peuples soumis par la violence des armes et des mots, en lieu et place de l’esprit politique souverain : inclure et embrasser la grandeur des autres. Tout en pensant l’histoire du déclin de l’Empire français et de l’idée républicaine, Saber Mansouri suggère la renaissance française à venir : gouverner par l’estime de tous les citoyens, les pauvres et les riches, ceux du Nord et ceux du Sud, les croyants et les athées.