Quand, chaque matin, tu te levais sans rechigner pour te coucher, chaque nuit, sans soupirer, tu te brisais ; tu perdais les étincelles qui avaient forgé tes rêves. Et ce, dans l’espoir que tes enfants puissent atteindre un environnement social qui t’était inaccessible. Tu t’acharnais à vouloir leur bâtir la vie que tu aurais désiré avoir. Tu te donnais du mal pour leur offrir une éducation différente de celle qui avait été la tienne, au moyen d’un travail qui t’asservissait. Tu sais, je déteste l’argent qui t’a dominé. Je le hais davantage depuis que j’en ai. À présent que je me trouve là où tu as toujours souhaité que je sois, l’existence est devenue d’un ennui ! La petite bourgeoisie est un milieu fastidieux, oui. J’aurais aimé que tu le saches. Voici le portrait d’un père, émigré kurde venu s’établir dans les corons belges. Des champs de coton d’Anatolie aux chantiers de construction en Europe, en passant par la petite épicerie familiale et les vacances au pays, les souvenirs de ce père et de sa fille se confondent et se répondent. D’une émotion rare, qui séduit par son élégance, sa pudeur et sa noblesse, Petite, je disais que je voulais me marier avec toi parvient à personnifier la bonté et à donner chair à la dignité.