A 20 ans, Jon Swain débarque à Phnom Penh pour couvrir la guerre du Vietnam en tant que reporter pour l’AFP. Très vite, il se laisse envoûté par le Mékong, ses paysages, ses odeurs, ses couleurs, ses manguiers, ses fumeries d’opiums, ses femmes exquises et ses populations, en proie à la guerre froide et à l’interventionnisme américain. Il s’attache à cette « génération maudite » de Vietnamiens qui n’ont connu que la guerre et pour qui les victoires communistes ont été une épouvantable désillusion. Il réalise que l’Indochine n’est pas ce coin paisible d’Asie peuplé de paysans dociles et souriants que l’on dépeint communément mais, au contraire, une terre de despotisme, de sauvagerie primitive et de souffrance. En avril 1975, il est l’unique journaliste présent à Phnom Penh quand la ville tombe aux mains des Khmers Rouges. Ses articles lui permettent d’obtenir le prix de journaliste de l’année par le British Press Award. Son histoire est la base de ce livre culte, River of Time, et l’objet d’un film célèbre de Roland Joffé, The Killing Fields (La Déchirure, 1984), Julian Sands jouant le rôle de Swain. Au-delà d’un témoignage nostalgique ou romantique sur cette période sanglante, au-delà d’un rapport de guerre militaire, Jon Swain nous raconte dans une prose somptueuse la beauté du Mékong, les collines de la jungle laotienne, et surtout comment ces pays ont imprégné son expérience de la vie et de la mort comme aucun autre, comment ils ont façonné son imaginaire, ses sens et sa sensibilité pour le reste de sa vie.