"J’étais – je suis – hors d’haleine, bête en course. Qui brise mon élan me blesse, qui l’arrête le mutile, qui me retient l’achève. Qui m’enferme me tue. Je suis animal. Tout est animal en moi, dévoyé." De l’enfance au cœur de la nature, aux longues errances de la jeunesse, Catherine Poulain, retirée aujourd’hui dans le Médoc, raconte les bêtes, frêles insectes, saumon au ventre ouvert, grands fauves tristes et fauconne borgne. Elle confronte son humanité au silence et à la sauvagerie des animaux, impuissante à les rejoindre, à les accompagner. "J’ai seulement voulu parler d’une petite fauconne borgne et à travers elle, de tous ces oiseaux partis que j’appelais en pleurant, de la vie que l’on ne peut enfermer, de la liberté fragile du sauvage, du mourir sans nom au bord du chemin ou tué par plus puissant, de cette altérité à tout jamais perdue, part animale, enfuie avec les autres."