« Tout a commencé le jour où je me suis rendu dans une administration fiscale, et où un volumineux employé m’a expliqué avec une patience d’ange comment remplir des imprimés auxquels je ne comprenais rien. Comme c’était bientôt l’heure de la fermeture, je lui ai proposé, pour le remercier, d’aller boire un verre au bar d’en face, ce qu’il accepta avec joie. On l’appelait Bouboule depuis l’enfance, et il ne semblait pas malheureux, malgré sa solitude et sa corpulence. Mais il finit par m’avouer qu’être aussi gros lui pesait trop, et qu’il avait pris la décision de se balancer depuis la fenêtre de son huitième étage le jour où il pèserait 180 kilos. Il en pesait alors 177. Si je n’arrivais pas à le détourner de son projet macabre, je perdrais mon nouvel ami dans 3 kilos. » Ce récit, conte cruel à l’humour permanent, fût-t-il noir, parle avant tout d’amitié. Car ce Monsieur Bouboule, baleine échouée dans une société moqueuse peu faite pour les gros, est infiniment attachant.