Du fait divers, on dit souvent que c’est une réalité qui dépasse la fiction. Ce qui ne saurait s’inventer. Alors, comme pour se venger, c’est la fiction qui, sans cesse, est allée puiser dans les faits divers sa matière même. Du Comte de Monte-Cristo à L’Adversaire en passant par Le Rouge et le Noir et la poésie surréaliste, la littérature française s’est construite à la fois avec et contre ces récits effroyables ou insolites, révélant un monde dominé par l’étrange, l’excessif, le transgressif. Lecteurs de La Gazette des Tribunaux ou de Détective, les Flaubert, Zola, Breton, Mauriac, Camus et autres Duras se sont emparés de ces affaires petites et grandes qui fascinent l’opinion et tendent un miroir à la société. Obsédés par les silences des criminels et des victimes, ils se sont donné pour mission de faire la lumière sur ce que chroniqueurs, détectives et juges laissaient dans l’ombre, et ont érigé la cour d’assises en laboratoire... Fourmillant d’anecdotes, ce récit, à la frontière entre l’essai et l’enquête personnelle, se passionne et nous passionne pour l’amour parfois contrarié que les écrivains ont conçu pour le fait divers au fil des siècles.