Noémie, très attachée à sa fille Barbara, apprend que celle-ci veut la quitter pour vivre avec Daniel. Bouleversée à l’idée de cette séparation après l’intensité de leur vie commune à la campagne, elle s’interroge sur son propre passé. Noémie revoit ainsi son enfance marquée par l’absence (ses parents sont morts en déportation), par la violence de tante Sabine, remarquable musicienne, par la présence de Joachim, homme mûr, envieux de son corps de jeune fille. Elle revit ses premiers attachements amoureux, la grisaille progressive où s’est enlisé son mariage avec Jacob, la folie de sa belle-sœur Rachel à laquelle Noémie n’a cessé de s’identifier. Tour à tour, elle devient les personnages qu’elle évoque et plus que jamais la frappe de néant de ce qu’on appelle expérience. Méditation sur la souffrance, livre des questions sans réponse qui harcèlent et morcèlent l’identité de chacun, ce roman, comme déjà Le Paravent des Enfers, capte et préserve la riche complexité de chaque instant d’une vie vécue, irréversible, inconnue des autres, transfigurée par la poésie, solitairement resongée dans un lieu secret, élu. Ici, la cathédrale de Chartres où la lumière se fait à travers le superbe vitrail de l’arbre de Jessé.