Dans la galerie des rois de France, Louis XIII fait grise mine, coincé qu’il est entre son père, Henri IV, et son fils, Louis XIV. S’intéresse-t-on à son règne, c’est le nom de Richelieu, son ministre, qui flamboie ; au point que les livres d’histoire sautent parfois sans vergogne de la mort du cardinal, en décembre 1642, aux débuts tumultueux du futur Roi-Soleil. C’est oublier que Louis a survécu six mois à son ministre : six mois ignorés de la postérité, mais capitaux pour l’histoire de France. Car entre décembre 1642 et mai 1643, il est à la tête d’un pays en guerre contre l’Espagne, au centre d’une Cour déchirée par les cabales. On sait le roi malade ; le dauphin est un enfant ; qui va assumer la régence ? La reine, Anne d’Autriche, le frère du roi, Gaston d’Orléans, les princes du sang et les grands s’allient, se brouillent et complotent, cependant qu’un quasi-inconnu nommé Giulio Mazarini progresse dans les allées du pouvoir… En sa longue agonie, Louis poursuivit un dessein unique : assurer le destin du trône de France. Et, en grand roi qu’il était, il y parvint