« Le bar était presque désert et elle était seule à le tenir. C’était elle, aucun doute là-dessus. Les yeux de sa grand-mère, l’allure de son grand-père. Elle est venue vers moi en souriant. Sa silhouette dansait dans la lumière et j’ai su que j’étais arrivé quelque part. » Car, au fond, dans ce recueil de nouvelles, c’est bien de cela dont il est question… arriver quelque part. Là on cherche des ornithorynques (Un ornithorynque dans le tiroir). Ailleurs, on poursuit un meurtrier et on découvre l’immense amour d’une épouse (Feed back). Ailleurs encore, on avoue son désir (Monsieur), ou l’on pénètre dans les cauchemars de sa mère pour mieux l’en débarrasser (Le Ténor hongrois). Entre Paris, New York, Nice ou le Montana, tous les personnages qui jalonnent ces nouvelles de Patrick Raynal sont en quête d’une vérité, celle qui permet d’entrevoir la sérénité, de vivre, encore. Et cette quête prend tous les chemins, toutes les couleurs, toutes les musiques ; d’une nouvelle à l’autre, on se balade tranquillement entre polar et dérive, cynisme et émotion, chaque fois sur un thème nouveau. Les personnages évoquent enfance et rock’n’ roll, évoluent dans des villes rongées par la décrépitude qui servent de toile de fond aux confessions les plus surprenantes.