Qui m’attend dans la vie ? La musique, c’est Madame Bovary réussie. La cisailleuse endiablée voisine avec les lauriers et les bougainvillées. À mesure que j’écris, le mystère s’épaissit. Le poème s’abreuve de stupeur, se désaltère de voyelles. Qu’est-ce qu’un style ? Une manière d’être seul. Je cherche une arme, un lieu exempté du stable sourire de prostituée, le goût âcre d’une rare sauvagerie. L’histoire est le sous-produit littéraire de la démonstration mathématique. Les événements sont liés comme s’enchaînent les prisonniers. Je rogne les liens du récit, libère les phrases endolories. La littérature batifole par nature, caracole dans les terrains vagues, emmortaise les bouts rapiécés, fonde un royaume étoilé, une localité métissée, cousue d’orties et de fantaisie. La littérature se parfait dans une langue d’étrangeté. La splendeur est une invitée qui n’a pas d’heure. Dans la voix d’une mère, je reconnais le timbre originaire. Dès la première seconde, j’ai su que j’étais limité, que je n’en aurais pas une deuxième. Je soigne l’ouvrage avec une figure d’enfant sage. J’essaie la désinvolture qui sied. J’agence la négligence d’une piété à l’insouciance d’un ciselé. L’été s’use. Le jour se rétracte, se colore de nuit. L’été se conjugue au passé. Une phrase, c’est comme une touche de bleu, il faut oser. J’observe l’absence de réalité cognée, sans la matière d’une chair. « J’enviais la félicité des bêtes ». Qu’est-ce qu’un style ? Une manière d’être seul.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Christian de Maussion
Jadis chef d’entreprise, l’auteur a entrepris des chefs-d’œuvre. Il cofonda l’Institut Multi-Médias. Il a publié des textes dans Le Monde, Le Figaro, La Croix, Libération, L’Idiot International, Les Cahiers de l’Herne. Il a fait paraître des récits singuliers sur Charles de Gaulle, Nicolas de Staël, Michel Serres. Il rédige des chroniques pour Service Littéraire. La rubrique « Maussion de censure » lui est dévolue. L’auteur aime lire, écrire, bref ne rien faire.