La Révolution a mauvaise réputation. On reconnaît la belle universalité de ses principes, mais on honnit les violences qui en ont ponctué le cours, conspuées sous le nom de Terreur. Ces représentations occultent tout à la fois les difficultés de l’entreprise et les énormes espérances que suscita l’événement. L’historienne Annie Jourdan nous invite à reconsidérer ce moment fondateur de notre modernité. Au fil des pages, elle en fait revivre les temps forts dans une approche sensible aux aléas qu’ont dû affronter les protagonistes. Elle déroule les faits grâce à un important corpus d’archives, constitué d’actes, de lettres, de courriers, de mémoires, où la Révolution se joue au gré des passions françaises. On mesure alors la force du ressentiment qui plonge le pays dans une longue guerre civile, que seule l’armée parviendra à apaiser. C’est que deux légitimités sont aux prises : celle de la monarchie, ancrée dans l’Histoire ; et celle de la nation, fondée sur le suffrage populaire. L’événement eut une portée internationale, on le sait. Nombre de soulèvements s’ensuivent, qui rebattent les cartes : en Amérique, en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse. Mais l’on a souvent tu les discordes civiles qui accompagnèrent ces changements, là-bas comme ici. En restituant l’histoire dans sa globalité, avec ses aspérités et ses mémoires troubles, Annie Jourdan réalise une grande fresque de la Révolution, entre vérité et légendes.