Flaubert et Tourguéniev : une amitié fraternelle, sans nuage, pendant dix-sept ans. Elle est heureusement recréée dans leur correspondance, réunie pour la première fois en français, d’après les manuscrits originaux. Les sujets abordés sont divers : les femmes, l’amour, la vie, la mort, mais aussi et surtout la littérature et l’art, la maîtresse valeur, le maître mot, pour l’un comme pour l’autre. Tous deux ont la religion du style : Tourguéniev traduit en vers libres Hérodias et La Légende de saint Julien l’Hospitalier ; quant à Flaubert, il revoit, en les polissant, tantôt un essai de Tourguéniev, tantôt des traductions de poèmes de Pouchkine. L’un et l’autre ont le souci du beau, mais aussi du bien. Les deux hommes partagent la même aversion pour l’argent et un goût similaire de la moralité, trop souvent absente de notre univers.Nous assistons à une rencontre étonnante et peut-être exceptionnelle dans l’histoire combinée des relations littéraires et humaines entre deux géants du verbe, deux natures généreuses, éprises de vérité et de justice, également pessimistes et paradoxalement confiantes dans le progrès d’une humanité plus éclairée.Alexandre Zviguilsky, chercheur au C.N.R.S., docteur ès lettres, comparatiste, créateur du Musée Tourguéniev à Bougival (où un coin est réservé à Flaubert), a préparé la première édition critique du dialogue des deux écrivains.