En 2008, la société française Amesys a vendu pour un peu plus de 12 millions d’euros un système d’interception des communications électroniques à la Libye du colonel Kadhafi. Une transaction secrète, couverte par les services français, qui va permettre au dictateur de surveiller de près ses opposants. Certains seront torturés après avoir été repérés par le logiciel Eagle. Jean-Marc Manach a enquêté sur ce scandale qui implique le colonel Kadhafi, son beau-frère Abdallah al-Senoussi (chef des services de renseignements et accessoirement condamné à perpétuité pour l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989), l’Etat français (avec à sa tête Nicolas Sarkozy) et le devenu célèbre homme d’affaire libanais Ziad Takieddine. Il découvre que les employés d’Amesys n’avaient pas pris la peine de déployer les mesures de sécurité que prennent d’ordinaire les entreprises commerçant avec des dictateurs. Façon Pieds Nickelés, ils ont même été jusqu’à mettre sur le web des preuves de leurs méfaits. Ce qui pourrait paraître être une farce burlesque n’en est pas moins une tragédie quand on imagine le nombre de personnes qui ont été tuées ou torturées à cause de ces surveillances.