Il y a vingt ans, le numéro un de la CGT était obligatoirement membre de la direction du Parti communiste français. C’est fini. Il y a vingt ans, négocier et encore plus signer un compromis avec les patrons voulait dire se compromettre dans la novlangue cégétiste. Désormais, le stylo n’est plus tabou. Il y a vingt ans, elle snobait ses homologues, les autres organisations syndicales françaises, à commencer par la CFDT. La page est tournée. Il y a vingt ans, enfin, l’hémorragie des adhérents d’une CGT que d’aucuns estimaient en danger de mort paraissait sans fin. Ses effectifs remontent désormais. Les exemples sont légion de la profondeur de la mue qui a démarré en 1992 lorsque Louis Viannet a succédé à Henri Krasucki. Et s’est poursuivie et amplifiée depuis lors avec Bernard Thibault. Non sans péripéties, comme le raconte ce livre, jusqu’à l’invraisemblable psychodrame de la succession de ce dernier avant le choix de Thierry Lepaon pour le remplacer. L’auteur propose par là même, nombreux témoignages inédits à l’appui, un portrait du premier syndicat français. Faisant apparaître les défis auxquels il est aujourd’hui confronté dans un monde du travail lui aussi en profonde évolution.