« J’ai commencé ce livre à l’été 2014, à l’heure d’une .épidémie d’Ebola entraînant le retour sur le devant de la scène d’anxiétés collectives fortes. Cet été fut aussi saturé de discussions polarisées autour des refus du vaccin contre la rougeole dans plusieurs États américains et du décès du comédien Robin Williams, mort volontairement de sa dépression, le “cancer de son âme” ont dit certains. La métaphore du cancer, populaire auprès des médias toujours en quête de sensations fortes, est devenue un outil pour frapper les esprits et appeler à la lutte contre une kyrielle d’organismes pathogènes, que ce soit Ebola ou le terrorisme. La médecine et la santé sont au cœur de nos vies et de nos discours, certes, mais les interrogations entourant le rôle de la première dans la seconde restent nombreuses. C’est de cette relation qu’il sera fait état dans ce livre.Cette petite histoire de la médecine se penche à la fois sur la construction de sysèmes de santé, la médicalisation des corps féminins, la (sur)consommation de médicaments et l’éradication des maladies infectieuses ici et ailleurs dans le monde. Elle veut répondre à des questions d’une actualité brûlante : Pourquoi qualifie-t-on de “scientifique” (et moderne) notre médecine ? Qui définit la “bonne santé” et selon quels critères ? Pourquoi le “Sud” est-il en moins bonne santé que le “Nord” ? Comment expliquer l’engouement récent pour les médecines “douces” ? Peut-on être en bonne santé sans le concours d’un médecin ? » – Laurence Monnais