La littérature telle que nous l'entendons aujourd'hui date du Siècle des lumières. Auparavant, les constellations sociales où brillent les oeuvres étaient tout autres ; on était loin, en particulier, d'une évidente autonomie, telle qu'elle apparaît constitutive de la sphère littéraire à partir de 1850. Comment alors concevoir la littérature quand elle n'est pas autonome ? Qu'est-ce que « la littérature d'avant la littérature » ? Selon quelles cristallisations historiques l'art des oeuvres d'écriture s'est-il transformé ?Ce livre s'attache à montrer comment la littérature existe en fonction du passage, inégal et incertain, de société de mémoire à société de culture. Si l'émergence de la littérature est bien contemporaine de l'invention de la culture comme mode d'organisation ou de représentation de la société, c'est la tradition ou la mémoire qui ont d'abord permis aux hommes de se représenter à eux-mêmes la légitimité de leur communauté et de leurs façons de vivre ensemble.Historiens, critiques littéraires, sociologues et tous ceux qui souhaitent lire l'histoire de la littérature sous un angle différent découvriront quelques fragments du grand labyrinthe de l'histoire dans cet essai d'une profonde érudition.Éric Méchoulan est professeur au Département d'études françaises de l’Université de Montréal. Il est aussi directeur de programme au Collège international de philosophie de Paris. Il a déjà publié Le corps imprimé : essais sur le silence en littérature (Éditions Balzac) et Pour une histoire esthétique de la littérature (PUF).• Prix Raymond-Klibansky de la Fédération canadienne des sciences humaines, 2005-2006• Finaliste, Prix du Gouverneur général du Canada, 2005