Adèle, fille cadette de Victor Hugo, s'est enfuie en Amérique à la recherche de son amant, l'officier anglais Albert Pinson. D'Halifax, au Canada, à la Barbade, dans l'archipel des Antilles, Adèle poursuit un homme qui n'existe peut-être pas... Son esprit est dérangé et elle erre sur les quais de Bridgetown, capitale de la Barbade, lorsqu'elle est recueillie par Céline Alvarez Bàà, sauvée in extremis d'une déchéance absolue. Céline, solide Négresse, est une pacotilleuse qui parcourt les îles et la terre ferme, de Saint-Dominigue à Carthagène des Indes, de Cayenne à La Havane, munie de lourds paniers caraïbes où s'entassent colifichets, miroirs, bibles, remèdes, tissus chatoyants et farine de manioc. Se prenant d'affection pour Adèle, elle décide de l'emmener à Saint-Pierre de la Martinique, le "petit Paris du Nouveau Monde", puis de la raccompagner en France chez son illustre père... Comment cette Négresse habituée aux coups de vent de la vie, descendante de conquistadors, de flibustiers et d'esclaves africains sera-t-elle accueillie par l'auteur des Misérables ? Comment la fragile Adèle aura-t-elle vécu ce passage aux Antilles et supportera-t-elle son retour au bercail ? Raphaël Confiant dresse deux beaux portraits de femmes et nous révèle, dans une langue riche des sonorités de toutes les langues parlées aux Antilles ( français, créole, anglais, espagnol, hollandais, etc.), une des facettes, insoupçonnée, du choc entre l'Ancien et le Nouveau Monde...