"Ce recueil réunit trois poètes, pour qui mémoire et oubli sont l'expérience majeure. Mallarmé veut oublier, et pour ce faire accepte de renoncer à trouver du sens ou du prix aux émotions, aux désirs qui continuent de l'étreindre. Contre la rhétorique de ses sonnets Shakespeare a choisi le théâtre afin de mieux pénétrer la volonté d'être qu'il voit émouvoir Desdémone ou animer Cléopâtre, mais aussi la méconnaissance qui précipite Macbeth ou Othello, et même Hamlet, au désastre. Baudelaire, lui, veut passionnément oublier et passionnément se souvenir, en cela il reste au sein de la condition commune, et fait de la vérité sa reconquête de chaque jour. Ce qu'il faut, maintenant que rien ne doit plus dominer d'une transcendance illusoire l'une ou l'autre des deux versants de l'horizon du langage."