Une silhouette avait fait son entrée. Mais je ne distinguais réellement qu’un long manteau croisé de couleur brune, surmonté d’un chapeau de gangster, borsalino, peut-être Fedora. C’était en tout cas une vision. Au moment précis où j’allais détourner la tête, la silhouette avait relevé la sienne, et un regard d’une intensité sombre m’avait pour ainsi dire empoignée, deux onyx surmontés d’une hirondelle en vol, c’était le regard d’un homme jeune, et même d’un jeune homme de mon âge. États-Unis, hiver 1996 : Cécile croise Sasha dans un train. Elle enseigne le français dans le Minnesota ; lui rentre à New York, où il veut ouvrir un café. Tous les deux ont vingt-trois ans. Mais Sasha ne ressemble pas aux jeunes gens de son âge : il a l’air tout droit sorti des années 30 ! Une semaine plus tard, Cécile est à New York : ils se revoient, se rapprochent… Quelque vingt ans plus tard, alors qu’elle a tourné depuis longtemps la page de sa vie américaine, Cécile découvre que Sasha est devenu un virtuose des cocktails et une figure de la nuit new-yorkaise. Creusant le sillon de l’autofiction, Cécile Balavoine évoque avec beaucoup de sensibilité le souvenir d’un amour de jeunesse. Elle rend à Sasha un bel hommage et fait aussi un étonnant portrait du New York des années 2000, ville de tous les possibles.