Au commencement, les yeux ne voient pas. Ils sont ouverts, entre les rideaux des paupières, mais ils sont noirs. Ils n'ont pas de lumière. Les yeux ne servent pas. Ils ne sont pas faits pour voir. Quand on a appris cela, on n'a plus peur de l'ombre et du vide. Les yeux sont des moteurs pour aller dans l'autre sens, vers le futur, vers les pays inconnus, vers les rêves, les choses de cette nature. Dans Mydriase, la prose poétique de J.M.G. Le Clézio compose un chant envoûtant qui entraîne le lecteur vers des mondes parallèles et des visions tourbillonnantes, exploration vertigineuse d'un univers qui n'est pas sans relations avec les gouffres qu'explora Henri Michaux. Ce dernier est d'ailleurs, littéralement, au cœur de Vers les icebergs. Fasciné par la parole de Michaux, J.M.G. Le Clézio file le 'poème du poème' de Michaux, Iniji, et laisse naître la parole du poète : plus qu'une simple analyse, un acte de compréhension total.