Que la séparation familiale soit la conséquence d’une séparation conjugale, d’une trajectoire migratoire ou d’une mesure de placement, nombre d’enfants mineurs vivent à distance de tout ou partie des membres de leur famille et, en même temps, évoluent dans un monde fortement connecté via des dispositifs techniques accessibles à tous.Dans ces contextes, comment se font, se défont, se refont les nœuds relationnels et familiaux ? À l’initiative de qui ? Avec la séparation des unités de vie et la multiplication des espaces familiaux, la maisonnée familiale se transforme-t-elle en maisonnée digitale ? Une visio, un échange de SMS, une visite sur la page personnelle d’un réseau social, etc. permettent un contact dont la plasticité se modèle à la relation : s’informer sans demander, s’enquérir de l’expérience de l’autre sans être avec lui, voir sans être vu… Peut ainsi se développer un sentiment de famille à côté des normes dominantes.Emilie Potin explore ces différentes formes de communication, pour comprendre la manière dont elles expriment les dimensions privées et publiques de la famille. Croisant les expériences familiales « par le bas » et le gouvernement des vies familiales « par le haut », elle donne à voir de manière nuancée la place des objets techniques dans la structuration des liens familiaux et dans la mise en œuvre des politiques sociales.