Chaque enseignant sait bien que l’effi cacité du travail en classe relève d’unealchimie complexe et que la construction d’une relation pédagogique apaiséerequiert la parfaite maîtrise des savoirs à enseigner, mais aussi la capacité àêtre présent aux élèves et à réagir de manière pertinente aux événements quipeuvent survenir.C’est là une affaire de « posture » explique ici Jean Duvillard. Une posture professionnellequi ressaisit, tout à la fois, les enjeux didactiques, psychologiques,sociologiques et éthiques d’une situation d’enseignement. Une posture qui relieune « intention » avec un ensemble de gestes professionnels déterminants : leregard, la voix, les déplacements, les mots employés, tous ces « petits détails » qui– chacun en a fait l’expérience – peuvent tout faire basculer, en quelques secondes.L’enseignant est ainsi décrit, tout à la fois, comme un « guetteur de signes »et un « décideur permanent ». Parce qu’il sait observer et comprendre ce quise passe sous ses yeux, parce qu’il anticipe les effets de ses moindres gestes,il peut non seulement « tenir le coup » dans l’adversité et gérer au mieux lessituations de crise, mais aussi redonner sens, au quotidien, à son engagement.Fort de sa longue expérience de formateur, Jean Duvillard mobilise ici une multitude d’exemples et de de données théoriques. Précis et concret, associant des analyses de situations minutieuses et des préconisations rigoureuses, aussi bien dans le domaine de la relation aux élèves que dans celui de la formation des enseignants, il montre qu’enseigner est un métier qui s’apprend et que, pour peu qu’on se garde de basculer dans la déploration ou de convoquer la fatalité, on peut faire sereinement la classe et « instituer l’École ».Philippe Meirieu