Si l’on excepte ses tendances lunatiques – ainsi qu’elle préfère les nommer –, Nora Keller est une jeune fille ordinaire, férue de cinéma, cultivant la différence et les crises existentielles en plus d’exécrer les secrets. Surtout ceux qui entourent son père, et que sa psychanalyste de mère persiste à protéger contre son obsession de vérité. Quand Nora découvre une piste sur l’identité de son géniteur, elle s’y précipite en compagnie de Régis, matheux cinéphile et petit ami en devenir. Retrouver son paternel depuis le cœur de Nice n’est cependant pas mince affaire, a fortiori lorsque le candidat le plus pertinent se relève aussi le plus défavorable à l’idée d’avoir une fille… En contre-point, l’infortunée Priscilla se morfond dans la clinique où elle s’est réveillée amnésique et paralysée, quelque part dans la baie de San Francisco. Elle ne manque pourtant pas d’amour en la présence de Nick Dickovski, son époux, qui la veille jalousement tout en assurant le programme de sa rééducation, mais d’étranges phénomènes ne tardent pas à immiscer le doute en elle. Pourquoi lui promet-on une sortie qui n’arrive jamais? Pourquoi les télécommandes rampent-elles au sol comme des insectes? Et pourquoi personne ne veut répondre à ses questions? Le temps, la mémoire, la perception du réel, les métamorphoses de la chair: autant de thèmes chers à Jacques Barbéri qu’il aborde avec un oeil passionné de cinéaste. Ce thriller psychédélique, flirtant avec le rêve et les bestiaires de toutes sortes qui firent sa réputation, annonce un terrifiant voyage sans retour, entre possibles scientifiques et monstruosité de l’amour.