Comment devient-on l’un des plus grands philosophes du Siècle des Lumières, l’un de ceux qui ont rendu possible la Révolution française, un précurseur du romantisme et de la démocratie ? On s’attend à ce que Rousseau ait reçu l’éducation nécessaire à l’élaboration de sa prodigieuse culture et de ses réflexions. Pas du tout ! Durant son adolescence, Rousseau s’est formé à travers une aventure intellectuelle, vagabonde et multiple.Né en 1712 à Genève, il est élevé de façon désordonnée par un père fantasque, né d’horlogers genevois, qui, contraint de fuir Genève, y abandonne son fils de 12 ans à un oncle, puis à un pasteur. Jean-Jacques fait la découverte de la nature, du latin, de la religion et connaît là ses premiers émois. Mais à peine âgé de 14 ans, il lui faut apprendre un métier. Apprenti chez un graveur sévère, il préfèrera s’enfuir et tenter sa chance sur les routes de la Savoie voisine. Seul, sans argent, sans ami, sans appui, que peut-il devenir ?Il abjure sa religion réformée et se convertit à la religion catholique romaine. Il y gagnera l’aide et la protection de Mme de Warrens, de quinze ans son aînée, qu’il appellera ""Maman"" et sera son amante. Auprès d’elle, il va parfaire son éducation par les lectures, la musique, la discussion, l’apprentissage des savoirs. Deviendra-t-il prêtre, maître de musique, précepteur, diplomate, écrivain ? Il s’essayera à ces différentes carrières mais ne poursuit qu’un but : s’instruire de tout, apprendre toujours, y compris dans les sciences et la philosophie, pour mieux connaître les autres, pour mieux se connaître lui-même.« L’œuvre de Rousseau est de celles qui ont contribué à modifier le cours de l’Histoire. « Nous avons tous en nous quelque chose de Jean-Jacques Rousseau » : l’amour de la liberté qui est le choix de notre indépendance personnelle dans la vie sociale, la passion de l’égalité et de l’équité, la volonté de comprendre ce qui nous meut.Mon livre est un récit coloré, curieux de tout, délibérément enjoué. Il raconte comment Jean-Jacques est devenu Rousseau, le philosophe et l’écrivain le plus célèbre et le plus influent du Siècle des Lumières. J’y accompagne le jeune homme tout au long d’un parcours à la fois sentimental, musical, philosophique et scientifique, de Genève à Lyon et Paris, en passant par Annecy, Turin, Chambéry, la Suisse et la France de l’est. C’est à travers ces errances, que le « Citoyen de Genève », comme il s’auto désignait, est devenu le penseur universel et critique de la démocratie. J’ai mis à profit ma longue fréquentation de l’œuvre de Rousseau et ma connaissance du XVIIIe siècle et de la Révolution française, pour suivre de près un itinéraire initiatique de trente années, plein de rebondissements, de sensations vives, de découvertes. En l’écrivant, j’ai pensé à tous les jeunes qui auront à lire du Rousseau mais aussi à tous ceux qui veulent simplement découvrir comment, dans l’ancienne Europe, on pouvait sortir d’un milieu d’horlogers protestants dans une ville moyenne des bords d’un lac subalpin, pour en arriver à subjuguer une grande partie de l’opinion dans le principal Etat de l’époque, le Royaume de France, et de ce fait, orienter par ses idées le destin de nombreuses nations.Mon ouvrage n’a pas d’autre fin que de plaire en instruisant. » C. Mazauric.