Le récit est un piège, le discours que tient la force pour dire qu’elle est la vérité. Qui est le piégeur ? Le narrateur dont le récit dénie la présence. Qui est le piégé ? Le lecteur qui croit entendre les événements se raconter à la faveur de cette absence et qui écoute de cette voix inaudible la sentence de la vérité : histoire. Ainsi Racine, historiographe de Louis XIV. Connivence entre celui qui écrit l’histoire et celui qui la fait, échange de pouvoirs, le récit est le produit d’une application du pouvoir politique sur une écriture ; l’histoire, celui d’une application du pouvoir narratif sur une politique. Tel est le piège où le lecteur devra tomber pour se retrouver assujetti au pouvoir d’État. Au point central de l’échange donc, une double fiction qui est le pouvoir même, son secret.Mais qu’un conteur conte au pouvoir la façon dont le pouvoir se raconte, il le piégera à son propre piège par le plaisir que le pouvoir y prend. Ainsi, diversement, La Fontaine, Retz ou Perrault.