« Tous les deux, nous dormons. Dans la rue, dans la chambre, à la table du coin dans l’ombre, il me parle en dormant, il me raconte sa vie qui est aussi la mienne, il me dit ce qu’il voit que je vois moi aussi. Je dors et je l’écoute. Je n’ai rien d’autre à faire. C’est comme si je vivais deux fois au même moment, une fois de trop. » Celui qui raconte cette histoire a une vie bien réglée : le matin il rédige des publireportages pour une agence de voyages, l’après-midi il se rend dans un centre d’art où il compose des poèmes en pensant à une employée qui porte un tee-shirt à rayures. Il observe attentivement le monde sans vraiment y prendre part. Et puis il y a cette voix, celle du dormeur, qui commente sa vie en permanence et prend de plus en plus de place.