Résumé

Être témoin : être sensible. En quel sens faut-il l’entendre ? Dans un procès, on ne demande au témoin que d’être précis, puisque ce sont des faits qu’il s’agit de rendre compte. Mais celui qui décide de témoigner contre vents et marées, sans que personne ne lui ait rien demandé, se tient dans une position différente : il porte aussi en lui l’exigence d’un partage de la sensibilité. Il considère implicitement que ses émotions constituent en elles-mêmes des faits d’histoire, voire des gestes politiques. C’est ce que montre une lecture du Journal de Victor Klemperer tenu clandestinement entre 1933 et 1945 depuis la ville de Dresde où il aura subi, comme Juif, tout l’enchaînement de l’oppression nazie. Témoignage extraordinaire par sa précision, en particulier dans l’analyse qu’y mena Klemperer — qui était philologue — du fonctionnement totalitaire de la langue — du fonctionnement totalitaire de langue. Mais aussi par sa sensibilité. Par son ouverture littéraire à la complexité des affects, avec la position éthique — celle du partage — que cette sensibilité supposait. Entre la langue totalitaire, qui ne se prive jamais d’en appeler aux émotions sans partage, et l’écriture de ce Journal, ce sont donc deux positions que l’on voit ici s’affronter autour des faits d’affects. Combat politique lisible dans chaque repli, dans chaque inflexion de ce chef-d’œuvre d’écriture et de témoignage. 

Caractéristiques

Auteur(s) : Georges Didi-Huberman

Publication : 3 mars 2022

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : eBook [ePub], eBook [PDF]

Contenu(s) : ePub, PDF

Protection(s) : Marquage social (ePub), Marquage social (PDF)

Taille(s) : 348 ko (ePub), 1,41 Mo (PDF)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3081

EAN13 eBook [ePub] : 9782707347558

EAN13 eBook [PDF] : 9782707347565

EAN13 (papier) : 9782707347541

Avis

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