Dans quelles conditions la linguistique contemporaine peut-elle approcher la syntaxe de l’ancien français ? Ici nous ne disposons pas d’intuitions, mais de textes. Ce qui entraîne la thèse suivante : la recherche, traversée par les théories actuelles, en particulier énonciatives, seules capables d’instituer en problème la disparate des données, doit adopter une pratique conforme à son objet : la langue d’œuvres manuscrites non fixées. L’analyse joint à l’hypothèse linguistique l’apport des savoirs philologique et littéraire ; elle reconstitue l’unité du médiévisme. Étudier la représentation de la parole éclaire et justifie cette procédure totalisante. Le discours dans cette littérature naissante unit la syntaxe et le style ; l’énoncé confronte le code de la langue à celui de la communication esthétique. Ainsi, une forme d’écriture nouvelle, la prose, se crée au XIIIe siècle, dans un rapport suspicieux à la parole ; ainsi, un élément énonciatif complexe, l’adverbe mar, figure la profération médiévale du malheur. Phénomènes d’écriture et d’énonciation, signes et signaux participent à une édification. Cette parole monumentale fait résonner en littérature ce qui est le lien et la mémoire de la société médiévale : la voix humaine. Toute parole engage, donne sens. Représentée, elle gagne une rigueur qui place la rhétorique du discours entre le théâtre et le droit. Cet ouvrage est paru en 1981.