Genre : poésie, faite ici des mouvements les plus quotidiens du corps, du regard et de la pensée, refaits et repensés. Sujet : variété de ces mouvements (dérive, chute, oscillation...), courbes décrites lors d'un transport (nage, mémoire ou promenade), petits gestes, petits mobiles. Forme : syntaxe de ces mouvements, rythme qui fait franchir le pas, vers enjambés. Allures naturelles : machinales et forcées, comme est la marche des animaux. Les dix suites brèves qui composent ce livre ont pour thème chacune un mouvement accompli tous les jours, qu’une à cinq variations décomposent, interprètent, et surtout essaient d’imprimer. Le seul souci poétique de ces pages, par ailleurs sans apprêt, est rythmique : produire par tous les moyens – de la syntaxe, de la prosodie, de la ponctuation – un équilibre instable qui soit une légèreté en même temps qu’un entraînement, comme un enfant apprend à marcher, un derviche à tourner. Ces mouvements qui ne sont ni métaphoriques ni mécaniques, mais vécus sans qu’on s’y arrête, Pierre Alferi a choisi de les appeler «allures naturelles», par analogie avec la démarche instinctive des chevaux.