Ce premier roman met en scène un héros-narrateur plutôt paumé, marginal, désabusé et, tout de même, révolté. Il s'est délibérément écarté du chemin tracé, abandonnant tout travail salarié, habitant dans les appartements de tours promises à la destruction, et vivant d'expédients, notamment de vol. C'est-à-dire qu'il a conçu un système de pensée qui implique qu'il ne participe aucunement à la marche du monde tel qu'il va, qu'il refuse son économie et ses valeurs et qu'il va même jusqu'à le combattre activement. Ainsi s'est-il associé à trois autres marginaux comme lui, plus ou moins politisés. À eux quatre, ils braquent les camions de livraisons des supermarchés, trouvant dans leurs vols de quoi s'habiller et se nourrir, et procéder ainsi à un genre de redistribution sauvage. Mais notre héros, qui voudrait agir sur le monde, le changer, sent bien qu'il est dans une impasse et que les fondements politiques de leur comportement à lui et à ses camarades sont de moins en moins évidents, que tout cela tourne au petit gangstérisme. D'ailleurs ne devient-il pas peu à peu leur otage? L'histoire est celle de sa prise de conscience et de sa libération, notamment au contact d'une jeune femme dont la simple présence suffit à brouiller ses repères. Mais peut-être est-il déjà trop tard...