Cécile Wajsbrot continue d’explorer l’œuvre d’art et sa perception en traçant un sillon personnel. Après le métaphysique et bouleversant Conversations avec le maître elle nous invite à approcher l’univers de la peinture et de la sculpture dans deux huis-clos capitaux se déroulant, l’un à Berlin sur L’île des musées, l’autre au Jardin des Tuileries à Paris. Quatre personnages, simples silhouettes, se dessinent pour incarner deux couples vivant une période de conflit. Ils se séparent lors du week-end prolongé de Pâques pour fuir l’ennui, réfléchir et faire le point sur leurs vies. Durant cette période de transition, de suspens, parenthèse nécessaire pour panser leurs blessures intérieures, les voix énigmatiques des tableaux et des sculptures évoquent l’histoire des lieux chargés d’art et de tragédies. S’y mêlent alors — dans un fondu enchaîné déroutant — celles réelles des personnages, fragiles, en quête de sens, d’amour, de paix, d’avenir. Au milieu d’une foule indifférente et des traces de décombres, se tissent peu à peu des liens timides. Les nœuds se desserrent, le désir naît dans la confidence et les secrets. La vie se teinte lentement d’une lumière nouvelle qui conduira du silence à la parole, à la réconciliation.Les pérégrinations sentimentales de ces héros anonymes suivent les dédales des musées, rythmées par les échos que provoquent en eux les œuvres qu’ils fréquentent alors, comme dans un rêve. À cette trame sentimentale se sur-impriment les discours mystérieux, envoutants, de ces statues qui critiquent le monde qu’elles accompagnent et depuis longtemps, silencieusement, obstinément vigilantes. L’idée surprenante du livre est de conférer des voix à ces objets dont le statut demeure informe et particulier tant ils sont présents, familiers et parfois invisibles.