Depuis trente ans, les manières de nous occuper de nos bébés – comment les nourrir, les porter, les manipuler – ont radicalement changé et sont parfois un sujet de débat et de controverses récurrent dans les familles et les cercles d’amis… Ce livre offre des outils clairs et documentés pour comprendre les raisons de ces bouleversements.Les jeunes parents sont souvent angoissés devant leurs toutes nouvelles responsabilités et désormais d’autant plus démunis que les « façons de faire » des générations précédentes ont été discréditées. La médecine conventionnelle ne répond pas toujours à leur inquiétude lorsque « tout va bien », que les pleurs des tout-petits ne signent pas une pathologie avérée mais juste une étape du développement « normal », comme les coliques ou les poussées dentaires. Ils vont donc chercher des recours thérapeutiques alternatifs pour apaiser les symptômes de leurs bébés et leurs angoisses.Grâce à de larges enquêtes menées auprès de thérapeutes et de parents, ce livre se penche sur deux pratiques fortement sollicitées : d’une part, les « toucheurs », guérisseurs de Sarthe et de Mayenne, qui exercent dans le secret des familles depuis des générations ; et d’autre part, les ostéopathes, professionnels aujourd’hui reconnus et plébiscités au niveau national. Retraçant l’histoire récente des recommandations données aux parents et des pratiques des soignants, ce livre apporte des éléments permettant de comprendre sans juger les besoins des individus et leur capacité à construire des réseaux de soins et d’accompagnement en accord avec leurs systèmes de pensée.Alors que les manipulations des corps des bébés par les soignants sont de moins en moins tolérées, le contact entre le corps de la mère et celui du nourrisson est, lui, plus que jamais encouragé (par l’allaitement maternel, le portage, les massages…). Dans ce contexte d’apparent paradoxe, l’ostéopathie apparaît comme une voie de compromis entre des injonctions sociétales contradictoires : toucher mais sans être intrusif, être efficace mais avec douceur, agir rapidement mais en prenant le temps de l’écoute, s’impliquer personnellement tout en gardant une distance professionnelle, et, par-dessus tout, s’adapter à l’individualité du patient en tenant compte de son contexte global, familial, économique et émotionnel. Le succès de cette pratique et de ce toucher met en lumière une série d’attentes populaires complexes et sophistiquées et au-delà, un ensemble de représentations du corps de la personne à « accompagner ».