Le déclin de la référence à la psychanalyse et la médicalisation de la maladie mentale dépossèdent le patient d’un quelconque savoir à l’égard de ses troubles et de la valeur de sa parole. Ainsi la pratique clinique hospitalière s’est grandement appauvrie dans l’art de la rencontre et du dialogue. Or Jean-Claude Maleval rappelle que les psychoses ordinaires et extraordinaires s’ancrent dans une logique subjective qui doit être prise en compte dans leur traitement.Tirant enseignement de son expérience clinique, il montre que la psychanalyse avec des sujets psychotiques gagne à s’orienter sur une conversation, qui vise l’apaisement de la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l’inconscient. Ces conversations psychanalytiques s’inspirent de stratégies spontanément utilisées par les sujets psychotiques pour tempérer leur angoisse : productions d’écrits, de phénomènes psychosomatiques, de passages à l’acte, voire recours à l’absence de désir, aussi bien qu’à des fantasmes ou des symptômes originaux. Celles-ci témoignent d’une grande créativité qui n’a rien en commun avec les déficits cognitifs auxquels la psychiatrie actuelle tend à réduire la psychose.