La notion de transfert est sans doute l’une des plus déterminantes de la psychiatrie, grâce aux découvertes de la psychopathologie freudienne. Ce concept reste une invention géniale de Freud pour comprendre et soigner la névrose occidentale poids moyen, mais aussi des pathologies archaïques, et notamment des psychoses. La terminologie officielle de la psychiatrie, dominée par la classification internationale du dsm V, a délaissé ces concepts au profit d’un catalogue de comportements observables, de troubles divers, susceptibles de prescriptions médicamenteuses ou de thérapies cognitivo-comportementales, et débarrassées de toute connotation psychanalytique.Pierre Delion revient sur l’apport de Tosquelles et de la psychothérapie institutionnelle pour repenser la métapsychologie du transfert à l’aune des pathologies archaïques. Il insiste sur la nécessité de l’institution, dont la constellation transférentielle est la plus petite forme, comme chaînon manquant dans leurs prises en charge. Ces phénomènes de transfert sont à élaborer collectivement. Mais pour qu’une équipe de psychiatrie ou toute autre équipe du médico-social ou du social accueillant ces pathologies y parvienne, encore faut-il travailler ensemble sur les conditions de possibilité d’un tel dispositif. En effet, il est important de se remémorer l’histoire de la psychothérapie institutionnelle pour apercevoir les raisons qui ont conduit à son élaboration, les résistances qu’elle a rencontrées et les stratégies qu’elle a dû composer pour l’atteindre.