Comment entendre le projet d’une écologie des images ? Lorsque Susan Sontag l’ébauche pour la première fois à la fin de son ouvrage de 1977 sur la photographie, il résonne comme une exhortation à la vigilance face au débordement d’images qui menace d’engloutir notre capacité de voir. Plus récemment, derrière ce souci d’une économie de l’attention, une autre inquiétude a percé, concernant cette fois les retombées environnementales de la circulation et du stockage des images numériques. Cet essai tente d’explorer une troisième voie : sous l’immédiateté du visible, il s’agit de laisser affleurer les temporalités dissonantes et les vitesses contrastées qui font la tension, le ton des images dans leur venue à l’apparaître. Non seulement celles qui furent faites de la main de l’homme, mais aussi toutes les autres, depuis les infinies variations mimétiques du règne animal jusqu’aux vues produites par les machines ou le divin. Le chemin parcouru conduit de l’histoire de l’ombre (elle commence avec Pline) jusqu’à ce que Bataille aurait pu appeler une iconomie à la mesure de l’univers. En cours de route, on s’arrête sur l’iconogenèse selon Simondon, la mimétologie de Caillois, les papillons de Nabokov, le ralenti d’Epstein, une gravure de Hogarth et le développement de la photographie aérienne.